Qu'est-ce qu'un menteur ?
Les mots sont des prononciations malléables, totalement libres et contingents. Mais les actes sont des réalisations. On définit généralement le menteur, comme celui qui énonce des propos en les tenant pour vrai, alors que ceux-ci sont faux. Ainsi donc le menteur, serait, du point de vue de l'exigence morale, celui qui ne répondrait pas à la nécessité de véracité dans les propos énoncés à l'autre. Pourtant, il faut analyser en profondeur, différents degrés de mensonge, et pourquoi pas, écarter certaines conceptions erronées.
On le sait, une telle réflexion est intensément liée à la morale. Or, la morale a ceci de spécifique qu'elle dépend de celui qui décide de la respecter, tout en étant un «devoir». Partant de ce principe, un problème se pose vis-à-vis de la définition du menteur : en effet, on peut distinguer en premier lieu, deux types de menteur. En éducation, il est inculqué aux élèves un enseignement. Cet enseignement, en tant qu'il est jugé essentiel pour la vie future, se doit d'être vrai. C'est pourquoi, afin que l'histoire puisse être enseignée à ceux qui ne l'ont pas vécu, il faut que son enseignement soit basé sur un travail scientifique. Or, admettons que l'on enseigne à des élèves, l'histoire (basée sur un travail scientifique), qu'ils l'enregistrent en eux, la tenant pour vraie, mais qu'il y ait eu des erreurs dans le travail des scientifiques. Ces élèves, en prenant l'histoire qu'on leur a appris pour «vraie», iront raconter à d'autres, cette même histoire. L'histoire qu'ils raconteront, étant basée sur une erreur, sera donc fausse. Si l'on considère le menteur comme celui qui affirme ce qui est faux, alors ces élèves mentent. Mais peut-on pour autant juger ces élèves comme étant des «menteurs» ? D'un point de vue moral, non, car ils pensent dire vrai. Leur acte aurait été immoral, uniquement si leur action était intentionnelle, autrement dit, s'ils agissaient dans le but de tromper. Voilà donc, la première conception de menteur que l'on connaît, et que l'on vient de retourner.
Il est simple alors de comprendre que, le menteur véritable, est celui qui dissimule la vérité, tout en la connaissant. Celui qui connaît la vérité, mais ne veut pas la dire, ne sera considéré comme un menteur, que si on lui demande s'il la connaît, et qu'il dit non. On peut tout à fait dire connaître la vérité, mais ne pas vouloir l'énoncer. Il doit donc y avoir une adéquation entre l'état d'esprit, et l'acte pour n'être pas un menteur. Le menteur est déchiré entre ce qu'il dit être, et ce qu'il a l'air d'être. Dès lors, aussi paradoxal que cela puisse paraître, on peut mentir, sans pouvoir être considéré comme un menteur, à condition qu'on l'assume par ses propos et sa manière d'être. Mentir, c'est donc se trouver dans un paradoxe interne : assurer par ses propos, dire la vérité, mais ne pas avoir l'attitude adaptée à ses propos. Le menteur n'est pas lui-même.
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