Suis-je condamné à être libre ?
Suis-je condamné à être libre ? Cette question contradictoire nous permettra de nous rapprocher d'un des philosophes que j'ai le plus apprécié lorsque j'ai découvert la philosophie : Jean-Paul Sartre. Le philosophe français affirmait que l'homme était "condamné à être libre". L'affirmation sonne d'autant plus paradoxale que la liberté est par excellence l'opposé absolu de la condamnation. Est libre celui qui n'est soumis à rien, dont la volonté n'est pas obstruée, éteinte ou étouffée par quelqu'un ou quelque chose d'extérieur. Ce qui, par conséquent, fait de la liberté un idéal d'accomplissement dans la mesure où être libre consiste justement en la possibilité de suivre sa volonté sans aucune contrainte. La condamnation se présente quant à elle, plutôt comme l'influence d'une force extérieure sur la volonté ; je suis condamné à partir du moment où, quoique je veuille, les choses sont décidées par une force qui me dépasse, de sorte que ma volonté n'a plus aucune autorité. Comment alors Jean-Paul Sartre, peut-il, avec autant de facilité, mêler ces deux concepts opposés sans faire un contresens ?

![]() |
Jean-Paul Sartre |
On peut alors se demander comment cela peut-être possible d'être libre, totalement libre, tant il y a de choses qui nous déterminent à agir d'une certaine façon plus que d'une autre. Sartre dit que nous sommes certes conditionnés par des forces extérieures, mais pas déterminés par celles-ci. L'homme est par exemple conditionné par son sexe, son salaire, sa classe etc.. Et tous ces éléments, placent son existence au cœur d'une "situation". La situation pourrait-être définie comme l'environnement dans lequel s'exprime la liberté. Pour Sartre, on est libre, peu importe la situation dans laquelle on se trouve. C'est-à-dire que même menacé avec un fusil sur la tête, obligé à dénoncer un camarade sous peine d'être tué, l'homme est libre de choisir, même si le supplice de la mort constitue une pression insupportable. Dans cette situation, si l'homme choisit de dénoncer pour rester en vie, il ne pourra pas prétendre que c'est le risque de mourir qui lui a fait faire ce choix, puisqu'il aurait tout à fait pu choisir d'être tué plutôt que de dénoncer. Au contraire, c'est même cette situation de danger qui a mis en évidence encore plus que d'habitude, la liberté de l'homme concerné.
En observant attentivement, on voit que la définition préalable que l'on donnait à la liberté n'est plus ce qu'elle était. Du moins, on comprend rapidement que la liberté n'est pas positive au sens où elle ouvre la porte des possibles, mais qu'elle fait plutôt peser sur l'homme, la responsabilité de ses actes, qu'il le veuille ou non, situation difficile ou non. C'est pourquoi Sartre nous dit qu'il s'agit d'une condamnation et non d'un choix. En fait, dit Sartre, je suis une liberté qui choisit, mais je ne choisis pas d'être libre : je suis condamné à la liberté. Et ce, aussi longtemps que je serai vivant, en prison ou pas, dépassé par mes passions, par les situations ou pas, mes actes définiront toujours l'homme que je suis. Mais la condamnation ne repose pas seulement sur le fait que je ne puisse pas échapper à ma liberté, mais également sur le fait que, dès le départ, je ne choisisse pas d'exister et que je ne me fasse pas exister moi-même. Par conséquent, non-seulement je n'ai pas choisi de venir au monde, mais en outre, je suis condamné à m'y définir par mes choix, condamné à choisir quel homme je serai dans cette vie que je n'ai pourtant pas choisi de vivre. Seul un Dieu transcendant, venant donner un sens à ma venue sur Terre pourrait supprimer cette absurdité absolue, mais pour Sartre, ce compromis n'est pas discutable.
Ainsi, pour l'auteur l'homme existe d'abord et se définit ensuite, c'est-à-dire à sa mort, car tant qu'il est vivant, il est susceptible de devenir autre que ce qu'il est, grâce à la liberté à laquelle il est condamné.
En observant attentivement, on voit que la définition préalable que l'on donnait à la liberté n'est plus ce qu'elle était. Du moins, on comprend rapidement que la liberté n'est pas positive au sens où elle ouvre la porte des possibles, mais qu'elle fait plutôt peser sur l'homme, la responsabilité de ses actes, qu'il le veuille ou non, situation difficile ou non. C'est pourquoi Sartre nous dit qu'il s'agit d'une condamnation et non d'un choix. En fait, dit Sartre, je suis une liberté qui choisit, mais je ne choisis pas d'être libre : je suis condamné à la liberté. Et ce, aussi longtemps que je serai vivant, en prison ou pas, dépassé par mes passions, par les situations ou pas, mes actes définiront toujours l'homme que je suis. Mais la condamnation ne repose pas seulement sur le fait que je ne puisse pas échapper à ma liberté, mais également sur le fait que, dès le départ, je ne choisisse pas d'exister et que je ne me fasse pas exister moi-même. Par conséquent, non-seulement je n'ai pas choisi de venir au monde, mais en outre, je suis condamné à m'y définir par mes choix, condamné à choisir quel homme je serai dans cette vie que je n'ai pourtant pas choisi de vivre. Seul un Dieu transcendant, venant donner un sens à ma venue sur Terre pourrait supprimer cette absurdité absolue, mais pour Sartre, ce compromis n'est pas discutable.
Ainsi, pour l'auteur l'homme existe d'abord et se définit ensuite, c'est-à-dire à sa mort, car tant qu'il est vivant, il est susceptible de devenir autre que ce qu'il est, grâce à la liberté à laquelle il est condamné.
Commentaires