Prison Dorée - La liberté est-elle absence de contrainte ?

Ce qu'il y a de plus surprenant avec la liberté, c'est que nous passons des années à prétendre lui courir après alors que c'est elle qui nous poursuit. De sorte qu'en réalité, nous la fuyons plus que nous la poursuivons.

Je veux dire dans ce sens, qu'il n'y a pas moins de liberté pour un homme à qui l’on demande de choisir qui doit être éliminé entre sa propre fille et sa propre femme — un fusil sur la tempe, menacé de mort s’il ne choisit pas — que pour un autre homme ne parvenant pas à décider quel menu prendre au restaurant. 

Cela résulte de ce que nous avons tendance à mesurer la liberté par degrés , en nous appuyant sur la situation dans laquelle un choix se manifeste. Ainsi, dira-t-on que l’homme susmentionné n’est pas réellement libre car sous le joug d’une arme à feu. Or, c’est cette « situation » qui, justement le mettra face à sa responsabilité. En d’autres termes, la difficulté à faire un choix ne nous  rend pas moins libres, mais met en exergue, au contraire, notre entière solitude face au choix des options qui se présentent à un moment donné. 

Il n’y a de liberté que pour un être en situation, car c’est d’elle qu’émane le choix et du choix, la liberté elle-même. Raison pour laquelle Sartre expliquait paradoxalement que : « jamais nous avons été aussi libres que sous l’occupation allemande ».

Commentaires

Anonyme a dit…
J’ai bien aimé me poser la question « la difficulté à faire un choix nous rend elle moins libre ? »
Étant spinoziste, pour moi, la liberté n'est pas simplement l'absence de contrainte, mais plutôt la capacité à agir selon notre propre nature ou notre propre essence. Spinoza considérait que la liberté est liée à la capacité de comprendre la nécessité qui sous-tend notre propre existence et de se conformer à cette nécessité. En d’autres termes, tout ce qui existe est déterminé par la nature ou la causalité de l'univers, et nous ne pouvons donc pas agir en dehors de cette causalité. Cependant, nous pouvons comprendre la manière dont notre propre nature s'inscrit dans cette causalité et agir en accord avec celle-ci. Ainsi, la liberté n'est pas l'absence de contrainte, mais plutôt la capacité à comprendre et à agir en accord avec les causes qui nous déterminent. Être libre c'est alors être conscient des lois de la nature qui nous régissent et agir en harmonie avec celles-ci.

In fine, si la liberté consiste à agir en accord avec notre nature ou notre essence et non à avoir un choix facile à faire, c’est que la difficulté à faire un choix ne nous rend pas moins libre. En effet, comme dit précédemment, chaque chose dans l'univers suit nécessairement les lois de la nature, y compris les êtres humains. Notre nature particulière nous détermine à agir d'une certaine manière. Ainsi, lorsque nous sommes confrontés à un choix, nous sommes déterminés à choisir en fonction de notre nature, même si cela peut être difficile ou complexe. Cela ne signifie pas que toutes les décisions que nous prenons sont faciles à prendre ni que nous avons toujours un choix clair et simple à faire. Cependant, même lorsque nous sommes confrontés à des choix difficiles ou limités, nous agissons toujours selon notre nature et notre essence, et donc nous sommes toujours libres au sens spinoziste du terme.
Pour conclure, la liberté ne consiste pas à avoir un choix facile à faire ou une gamme complète d'options disponibles, mais plutôt à comprendre notre propre nature et à agir en accord avec elle, même lorsque cela implique de faire des choix difficiles ou limités.

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