Arrière-monde(s)..
Je
ne saurais expliquer ce sentiment qui me poursuit depuis tout petit. Ce
sentiment qu’il manque encore quelque chose à cette vie pour que je sois
totalement accompli. Comme si je savais que quelque part en ce monde, quelque
chose pouvait satisfaire ce manque, mais sans que je ne me donne les moyens de
l’atteindre. Et cette routine, cette vie que j’ai mené jusqu’à présent n’apparaît aujourd’hui à mes yeux plus que comme une remise au lendemain perpétuelle de
mes propres rêves.
En
effet, en y repensant, je ne vois toujours aucune logique au fait d’avoir
poursuivi l’école tout en détestant y aller au-delà de l’idée de trouver un
métier peu contraignant, un salaire attractif et subvenant à mes besoins
puérils. Pourtant, j’ai toujours l’intime certitude que plus tard, même dans
une situation économique convenable, cette cruelle impression de m’être trompé
de voie continuera à me poursuivre. Et même durant les fous-rires les plus
sincères, lorsque tout est terminé et que je me calme, cette pensée revient :
« Que fais-tu encore là ? ».
La
mort approche à grands pas, et j’ai comme l’impression de continuer à fuir ce
monde dont je suis certain de l’existence mais qu’au fond, je refuse de trouver
en préférant la routine à la prise de risque et à l’aventure. Le sens de ma vie
est en train de s’écrire dans un monde où tout se répète, où le soleil se lève
et se couche sur un planning bien déterminé, où l’on se lève tous les matins
pour gagner son pain. Dans un monde dans lequel être en retard est signe de
pénalités, où un être humain fait signer un contrat à un autre pour que sa vie
lui soit dédiée cinq à sept jours dans la semaine, de huit heures du matin à
dix-huit heures du soir.
Au
fond de moi, je savais que ce n’était pas la liberté dont j’avais rêvé, mais je
m’y suis tout de même jeté. De même, demain encore je me plaindrai d’entendre
le réveil sonner et je méditerai cinq minutes dans mon lit pour finalement me
dire « tu n’as pas le choix, il faut y aller ». Et cette phrase, je
crois, au même titre que les contrats, est l’arme que nous pointons sur
nous-mêmes pour nous efforcer de vivre une vie que nous souhaiterons, comme nos parents, que nos enfants n’aient pas à vivre, comme dans un cycle éternel de
répétition.
Quelque
part au milieu de ce cycle, se dissimule la mort, prête à m’emporter et à faire de moi un simple souvenir pour les vivants. Lorsque j’y pense, je n’ai de
cesse de me demander à quoi bon vivre cette vie si pénible, juste pour ne pas
mourir en étant souffrant. Comme si on se levait chaque matin pour « mourir
décemment ». J’aimerais simplement qu’il y ait un autre monde, qui fasse
que la vie vaille la peine d’être vécue. Et dans tous les moments de tristesse,
je suis persuadé qu’il existe.
Est-ce
à chaque homme de se démener, de cesser de faire tout ce qu’il fait pour
atteindre cette réalité idéale ? Ou alors, faut-il au contraire, trouver
un moyen pour l’inventer ? N’est-ce pas là finalement toute la problématique de l’existence
que nous exposons, là, sur une table ? Le monde auquel nous aspirons
est-il donné, dissimulé quelque part dans l’Être, ou est-il à créer à partir de
ce que nous avons déjà ?
J’aime l’idée qu’il faille le construire soi-même, mais je la déteste également en ce que la mort devient un obstacle, une incertitude pour l’accomplissement de ce projet. J’aime également l’idée qu’il faille le chercher, mais je la déteste du fait que la mort puisse mettre fin à cette quête sans que l’on puisse obtenir de réponse. A force d’y réfléchir, et voyant que la mort était sans cesse celle qui revenait au centre du problème, j’ai fini par me demander si finalement, ce n’était pas elle la clé de l’énigme depuis le début.
J’aime l’idée qu’il faille le construire soi-même, mais je la déteste également en ce que la mort devient un obstacle, une incertitude pour l’accomplissement de ce projet. J’aime également l’idée qu’il faille le chercher, mais je la déteste du fait que la mort puisse mettre fin à cette quête sans que l’on puisse obtenir de réponse. A force d’y réfléchir, et voyant que la mort était sans cesse celle qui revenait au centre du problème, j’ai fini par me demander si finalement, ce n’était pas elle la clé de l’énigme depuis le début.
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